dimanche, août 14, 2005

La fenêtre de l'hôpital


Deux hommes gravement malades occupaient la même chambre d'hôpital. L'un d'eux avait le droit de s'asseoir dans son lit pour une heure chaque après-midi, afin d'aider au drainage du fluide de ses poumons. Les deux hommes finissaient par parler des heures. Ils parlaient de leurs femmes et de leurs familles, de leurs maisons, de leurs emplois, de leur engagement dans le service militaire, d'où ils étaient allés en vacances.

Chaque après-midi où l'homme du lit à côté de la fenêtre pouvait s'asseoir, il passait le temps en décrivant à son compagnon de chambre toutes les choses qu'il voyait au travers de la fenêtre. L'homme de l'autre lit a commencé à vivre pour ces périodes d'une heure où son monde était élargi et enjolivé par toute l'activité et la couleur du monde extérieur. La fenêtre surplombait un parc avec un beau lac. Des canards et des cygnes jouaient sur l'eau tandis que des enfants naviguaient leurs modèles réduits de bateaux. De jeunes amoureux marchaient les bras enlacés au milieu de fleurs de toute sorte de couleurs et on pouvait bien voir au loin l'horizon de la ville. Au fur et à mesure que l'homme à côté de la fenêtre décrivait tout cela en des détails exquis, l'homme situé de l'autre côté de la chambre fermait ses yeux et imaginait la scène pittoresque. Par un après-midi, l'homme sur le bord de la fenêtre décrivait une parade qui passait tout près. Bien que l'autre homme ne pouvait entendre la fanfare - il pouvait la voir, par l'oeil de son esprit, au fur et à mesure que le gentleman à côté de la fenêtre la lui dépeignait par des mots descriptifs. Puis des jours et des mois ont passé.

Un beau matin, l'infirmière de jour est entrée pour apporter de l'eau pour leurs bains, seulement pour retrouver le corps sans vie de l'homme à côté de la fenêtre, qui était mort paisiblement dans son sommeil. Elle a été attristée et a appelé les assistants de l'hôpital pour sortir le cadavre. Aussitôt que cela lui paru convenable, l'autre homme a demandé s'il pouvait être déplacé à côté de la fenêtre. L'infirmière était heureuse d'effectuer ce changement, et après s'être assurée qu'il était bien installé, elle l'a laissé seul. Lentement, douloureusement, il s'est élevé sur un coudre pour jeter son premier regard sur le monde extérieur. Il s'est étiré pour se retourner lentement afin de regarder au travers de la fenêtre à côté du lit. Il n'y avait qu'un mur blanc. L'homme a demandé à l'infirmière ce qui aurait pu pousser son compagnon de chambre décédé à décrire des choses aussi merveilleuses au travers de la fenêtre. L'infirmière lui a répondu que l'homme était aveugle et qu'il ne pouvait même pas voir le mur. Elle lui a dit : « Peut-être que tout ce qu'il voulait, c'était t'encourager. »

Source : http://www.voixetcroix.org/illustration05.htm